Après leur transfert en bateau depuis Lampedusa, les jeunes exilés sont placés dans des centres de rétention en Italie. Par crainte d'être emprisonnés ou renvoyés dans leur pays, la plupart tente l’aventure et décide de s’enfuir.
Après un parcours semé d’embuches de plusieurs jours, ils entrent de plain-pied dans la réalité européenne.
« On devient clandestin sans même savoir qu’on est clandestin. »
LOIN DU BLED
DE L'EXIL A L'OUBLI
L'EXIL DE WALID
Pour cette jeunesse tunisienne, la France c'était la direction, le rêve. En arrivant à Paris, ils portent encore en eux toute l’énergie de l’espérance, et c’est avec coeur qu’ils revendiquent leur liberté, leurs droits à des papiers. Soutenus par un réseau solidaire, ils créent le collectif des Tunisiens de Lampedusa à Paris.
De manifestations en occupations, au final l’enthousiasme cède la place à la désillusion.
« Liberté, droits de l’homme, on ne trouve rien.»
DE L'EXIL A L'OUBLI
L'EXIL DE WALID
Après un long périple de plusieurs jours le long de la péninsule italienne, Walid arrive finalement à Paris fin mars 2011. Grâce au soutien de sa famille, il trouve un travail dans une pizzeria. Mais plus le temps passe, plus il est envahi par la nostalgie.
Il faut savoir prendre des risques pour avoir une vie meilleure, mais parfois le prix à payer est lourd.
« Comment t’es arrivé à rester sept ans sans retourner au bled ? »
L'EXIL DE WALID
Été 2012. Walid quitte Paris pour Marseille, où il a trouvé une meilleure opportunité de travail. En retrouvant la mer, il éprouve soundain le besoin de retourner en Tunisie, dès qu’il aura obtenu des papiers. Il revient sur sa condition d’immigré clandestin corvéable et souvent exploité. Walid n’oublie pas les autres exilés qui ont eu moins de chance, ni ses compagnons de fortune rencontrés tout au long de son voyage en Europe.
« Un jour viendra où je prendrai le bateau pour retourner au bled. »
Pour cette jeunesse tunisienne, la France c'était la direction, le rêve. En arrivant à Paris, ils portent encore en eux toute l’énergie de l’espérance, et c’est avec coeur qu’ils revendiquent leur droit à circuler librement et à obtenir des papiers. Soutenus par un réseau solidaire, ils créent le collectif des Tunisiens de Lampedusa à Paris.
De manifestations en occupations, l’enthousiasme cède la place à la désillusion.
« Liberté, droits de l’homme, on ne trouve rien. Rien ! »
DE L'EXIL A L'OUBLI
URGENCE HUMANITAIRE
En février 2011, « l’état d’urgence humanitaire » est décrété par le gouvernement italien devant l’exode massif des Tunisiens arrivés sur l’île de Lampedusa.
Un pont aérien est mis en place et des ferries sont utilisés pour désengorger l’île. La protection civile, quant à elle, met sur pied une cellule de crise. L’Italie demande le déploiement immédiat d’une mission Frontex de patrouille au large des côtes tunisiennes pour le contrôle des flux migratoires.
Dans un communiqué commun, les Ministres italiens de l’Intérieur, Roberto Maroni, et des Affaires Étrangères, Franco Frattini, réclament « la convocation urgente d’une réunion au niveau politique du Conseil de justice et des affaires intérieures de l’UE ».
L’Italie débloque une aide de 5 millions d’euros pour la Tunisie et de son côté l’UE 17 millions d’euros pour aider le gouvernement italien.
Le terme d’état d’urgence humanitaire utilisé par le gouvernement italien fait polémique. « L’état d’urgence humanitaire n’existe pas. C’est un terme inventé par l’Italie, indique Claire Rodier, Membre du réseau migreurop, sur Youphil.com. Cela ne correspond à rien en droit international, et ce n’est pas non plus une notion juridique en Italie« .
DESTINATION LA FRANCE
Les trois quarts des migrants tunisiens souhaitent venir en France. Le gouvernement italien décide alors d’octroyer des permis de séjour provisoires aux 20 000 migrants tunisiens déjà présents sur son sol, tandis que les nouveaux arrivants sont rapatriés. Ces permis de séjour provisoires permettent à la grande majorité des exilés de traverser la frontière italo-française facilement.
Cette décision ne manque pas de faire réagir le gouvernement français. Selon le Ministre français de l’Intérieur, pour circuler « à l’intérieur de l’Espace Schengen, il ne suffit pas d’avoir une autorisation de séjour dans [un des Etats membres], encore faut-il avoir des documents d’identité et, surtout, justifier de ressources. Si ces conditions ne sont pas réunies, la France est tout à fait en droit de ramener en Italie les personnes concernées’.
M. Maroni, Ministre de l’Intérieur Italien, déplore de son côté « un comportement hostile » de Paris et répète que « la libre circulation dans la zone Schengen est garantie par des règles qui doivent être respectées ».
Le 26 Avril 2011, lors du sommet franco-italien à Rome, Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy se prononcent pour une réforme des accords de Schengen. Dans une lettre adressée au Président de la Commission européenne, ils demandent que soit examinée “la possibilité de rétablir temporairement le contrôle aux frontières intérieures en cas de difficultés exceptionnelles dans la gestion des frontières extérieures communes”.